La crème des marronniers

Quand Patrick Balkany vient au secours des successeurs de Raymond Poincaré et Léo Lagrange

En règle générale, la deuxième quinzaine de janvier est dédiée en matière de presse et de média, à l'épiphanie et la meilleure recette de la galette des rois, en attendant février et sa chandeleur, sa Saint-Valentin et ses sports d'hiver. Un ordre bien établi de sujets, qu'il est convenu de qualifier de "marronniers", non pas comme le suggèrent certains mauvais esprits parce que produits par et pour des glands, mais en raison de leur persistance comme les feuilles de l'arbre. Et comme nous le précise wikipédia, il s'agit généralement d'une "information de faible importance meublant une période creuse, consacré à un événement récurrent et prévisible". En clair d'une non information qui fait vendre.

Point de marronnier donc en matière judiciaire, au grand dam des éditorialistes, journalistes et autres chroniqueurs spécialisés. Lesquels se devaient d'attendre un procès pour -actualité oblige- sur le métier remettre l'ouvrage. Que les dignes successeurs de Raymond Poincaré et Léo Lagrange -illustres journalistes judiciaires avant de connaitre des carrières politiques qui ne le furent pas moins- se rassurent. Désormais ils auront eux aussi leur "information de faible importance meublant une période creuse", et parce que notre 21ème siècle ne peut se satisfaire de récurrence annuelle, leur marronnier sera trimestriel. Car depuis maintenant plusieurs décennies, un homme construit patiemment et au grand jour sa lutte contre la délocalisation à l'étranger de la chronique judicaire. Voilà aujourd'hui, en ce 19 janvier, Patrick Balkany enfin récompensé avec sa mise en examen pour déclaration mensongère sur son patrimoine. La seconde en trois mois, après celle d'octobre 2015 pour fraude fiscale, de corruption d'agent public étranger la même année, et les deux blanchiments de fraude fiscale en 2014 et 2013.

Ce combattant acharné touche aujourd'hui le graal, terrassant la concurrence d'un Bernard Tapie pas assez travailleur, trop superficiel, piètre chanteur, piètre patron, et finalement bonimenteur de fête foraine à Trifouillis-les-Oies, tout juste capable de vendre sa camelote à un tribunal arbitral concocté à la va vite par ses fidèles rabatteurs, Nicolas et Christine. Non lui, notre Patrick, le Nico c'est son œuvre, sa chose, de la Françafrique à Bygmalion en passant par le Conseil Général des Hauts-de-Seine, il l'a formé et si leurs batteries de casseroles commencent à faire trop de bruit, y'aura toujours moyen de fondre le cuivre pour le refourguer à des potes manouches... Et quand le petit devra renvoyer l'ascenseur, ce sera bien mieux verrouillé que pour le Nanard.

Alors, nonobstant la dimension morale voire moraliste de certains contempteurs, s'agissant des moyens pour y parvenir, reconnaissons au moins à ce défenseur de la liberté de la presse et de l'indépendance de la justice, la pugnacité avec laquelle il fournit matière à l'une et à l'autre. Qu'en l'espèce au moins, justice lui soit rendu.