Vis ta life ...

Bon ça y est. Depuis que l'on me tanne pour que je rédige cela devait bien arriver un jour. Il faut avouer qu'entre aller perdre son temps dans les allées -que j'imagine bondées- du salon "Parcours France" où le département de l'Allier m'ouvre les bras avec son slogan "Vis ta life en Auvergne", et pianoter sur mon clavier dans mon salon baigné de soleil automnal, le choix s'impose de lui-même. Et ce, même si du fond de mon canapé le slogan serait plutôt "Vis ta life de chômeur".

Oh pardon de chercheur d'emploi, et même en "recherche active" comme il est de bon ton de le préciser sur les réseaux dit "sociaux" consacrés. Comme si la recherche pouvait être inactive. Imagine-t-on une seconde que l'on puisse attendre d'un chercheur en chimie moléculaire qu'il atteste que sa recherche soit active ? Non évidemment. Et bien pourquoi l'attend-t-on d'un chômeur ? Voilà une injonction sociale qui laisse dubitatif. Qu'on se le dise, l'heure est à la suspicion permanente pour celui ou celle qui temporairement, souvent contre sa volonté, ne répond plus à la norme, n'est plus considéré comme "actif".

Une suspicion qui serait sans conséquence si elle ne concernait pas, selon les chiffres officiels, 3 571 600 personnes fin août 2015. Oui, des femmes et des hommes, qui chaque jour "chassent" le poste qui correspond à leurs compétences ou leurs envies. Les professionnels préfèrent parler de projet, l'envie ce n'est pas rationnel, pourquoi pas le "désir" tant qu'on y est ! 3 571 600 qui le soir finalement n'ont plus envie de chasser tant le gibier se fait rare.

Sans conséquence aussi, s'il ne s'agissait pas de familles entières qui se retrouvent déstabilisées, ne peuvent plus se projeter à long terme, qui à ne pouvoir s'imaginer un avenir pour eux, ne le peuvent encore moins pour leurs enfants.

Alors, instinct de survie oblige, au désespoir et à la solitude du chômeur, on préférera ce soleil étincelant et le plaisir retrouvé d'aligner les mots à partager, à offrir sans prétention. Et si finalement le ciel se couvre et la nuit tombe, à l'Auvergne on préférera le bougnat. Vas-y camarade, "Vis ta life au bistrot" !